Trois approches sont envisagées :
Société Des Nations et Europe unie
Réformer la Société Des Nations (SDN) pour construire l’Europe :
Coudenhove-Kalergi : souligne les insuffisances de la SDN dès les années 1920, une institution sans armée et partant condamnée à l’impuissance.
Il critique l’absence d’universalité de la SDN.
Projet de Pan Europe : conçu dans le cadre d’une SDN remaniée, accueillant des structures continentales.
Mémorandum adressé au Secrétaire général de la SDN, Sir Eric Drummond en août 1925, sur la manière d’universaliser la SDN : celle-ci devrait reposer sur 3 structures continentales :
- 1) ensemble latino-américain
- 2) ensemble britannique
- 3) Pan Europe. Par la suite, discuter des conditions de participation des E.-U. Et de l’URSS dans cette nouvelle structure.
→ La SDN est instrument de dialogue entre 5 entités continentales.
Heerfordt : pour lui aussi, la SDN ne correspond pas à son projet de fédération européenne. Critique du principe de l’unanimité lors des votes. Pour lui, il faut organiser la SDN sur la base du régionalisme.
→ Coudenhove et Heerfordt sont favorables à une continentalisation de la vie internationale. Pour d’autres, le projet européen ne se conçoit que dns le cadre de la SDN à laquelle il reste subordonné.
Construire l’Europe dans le cadre de la SDN :
pour certains, la constitution d’ensembles continentaux risque de dégénérer en rivalités de blocs.
L’Europe doit se faire dans le cadre de la SDN, par le développement de ses organisations spécialisées : position d’Albert Thomas, Emile Borel, Edouard Herriot.
Pour eux, "Europe" = universel et donc "Europe" = amorce de l’idéal de la société universelle que devrait poursuivre la SDN.
Priorité de ce courant : garantir la paix à travers le courant européen.
NB : beaucoup de journaux européens ont pris pour titre le mot Europe (ex : L’Europe nouvelle de Louise Weiss).
++++Europe politique ou Europe économique
Marché pour arriver à l’Etat ou Etat pour créer le marché ? Marché sans confédération ?
Pour le libre-échange : priorité des milieux d’affaires et des économistes libéraux soucieux de retrouver rapidement la croissance, à travers l’abandon des économies de guerre.
Personnages et associations favorables au libre-échange :
- Chambre de commerce internationale (CCI)
- Keynes : envisage la création d’une Union libre-échangiste dès 1920.
Union douanière européenne (UDE) : cf. manifeste de 1925
- Louis Loucheur : il demande l’organisation d’une conférence économique mondiale en 1927, visant à mettre un terme à la guerre douanière internationale.
→ Pour les libéraux, il faut transformer le système des relations bilatérales en cours dans les années 1920 en un système multilatéral. Cela ne débouche pas forcément sur une Europe politique, la réalisation du marché unifié étant une fin suffisante.
Pour une union économique : il faut dépasser l’union douanière pour aller vers une union économique :
Francis Delaisi : espace de libre-échange + union monétaire
Dannie Heineman : 3 piliers
- 1) technique : réseau de transports + crédits
- 2) administratif : commission chargée de lever les entraves au commerce
- 3) financier : banque centrale émettant une monnaie commune ayant une politique monétaire qui s’imposerait aux Etats.
→ Propositions visant à restaurer un grand marché européen, avec des instances de régulation supranationales.
→ Ces propositions n’entraînent aucune ébauche politique.
Cf Delaisi : “L’erreur est politique, la vérité est économique” : depuis la fin de la guerre, des entités de plus en plus petites et nombreuses sont apparues, alors que l’interdépendance économique tend à la formation d’ensembles plus vastes.
++++Régionalisme et fédération européenne
Affirmation dès la fin de la première guerre mondiale : nostalgie d’avant 1914 des espaces politiques et économiques plus cohérents que ceux hérités des traités de paix (→ morcellement).
Principaux projets :
décembre 1918 : un rapport autrichien insiste sur la nécessité de créer un espace économique en Europe centrale. C’est une restauration déguisée de l’ancien empire habsbourgeois → aucune suite.
Le thème du régionalisme émerge à nouveau dans le cadre de la préparation de la conférence économique internationale de 1927.
But : réunir en sous-ensembles cohérents des pays aux structures économiques voisines, et recherche de la taille critique du marché :
Elemér Hantos : envisage les contours d’un grand marché libre-échangiste pour les Etats successeurs de l’Autriche-Hongrie dès 1924. C’est projet de Mitteleuropa économique.
Il Participe au lancement de l’UDE en 1925.
Hantos s’est inspiré de réflexions contemporaines sur les unions régionales :
- Dannie Heineman : envisage la création d’une fédération européenne en Europe du NO
- Francis Delaisi : théoricien des “deux Europes” (E/O) = différentes dans leurs structures économiques mais complémentaires.
- Paul van Zeeland : favorable à des unions régionales entre pays ayant des économies présentant des traits analogues. Régionalisme = étape vers le marché unique.
1928 : mémorandum de l’UDE (pour la conférence économique de Prague) = projet d’union européenne par agrégation successive d’Etats autour d’un noyau central (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg). L’UDE se rallie à l’idée de la création de plusieurs unions douanièrs intra-européennes.
→ Affirmation de la pensée régionaliste, surtout après 1927 : marque l’échec de l’universalisme. La solution d’une construction d’ensemble semble s’éloigner dès les années 1920 → nombreux projets régionalistes.
Poursuivre votre lecture sur l’Europe :
La nature de l’idée d’Europe unie
Aristide Briand et l’Europe
Le débat régionaliste dans les années 1930
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