L’outil informatique, qui s’est développé dans la seconde moitié du XXe siècle, offre de grandes potentialités dans le cadre de la recherche historique, et plus généralement dans le domaine des sciences humaines et sociales dans leur ensemble. Longtemps sous-exploité en histoire ancienne, il a fait l’objet ces dernières années d’un intérêt réel bien que tardif, notamment en assyriologie.
L’assyriologie, c’est quoi ?
Toujours aussi méconnue parmi les disciplines de l’histoire ancienne, l’assyriologie se consacre à l’histoire de la Mésopotamie, qui comprend les territoires situés entre le Tigre et l’Euphrate, correspondant à l’actuel Iraq. Plus généralement, l’assyriologie étudie la civilisation mésopotamienne, qui s’est épanouie dans tout le Proche-Orient, dans des limites géographiques variables, entre la fin du IVe millénaire et le Ier millénaire avant J.-C.
Une science jeune
L’assyriologie s’est constituée en tant que discipline pendant la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle se caractérise par la place importante sinon prégnante qu’y tient encore la philologie. Contrairement aux autres disciplines de l’histoire ancienne, le corpus documentaire est toujours en perpétuelle évolution, au gré des fouilles régulières comme clandestines, qui fournissent sans arrêt de nouveaux textes, qu’il convient donc de traduire et de publier pour faire progresser la connaissance historique.
L’éparpillement bibliographique
C’est l’un des problèmes majeurs de la discipline, outre son cloisonnement disciplinaire. Les travaux philologiques et historiques sont publiés dans des collections et des revues variées, ce qui pose d’énormes difficultés. Un chercheur qui s’intéresse à une époque et une zone géographique données devra d’abord passer des années à réunir les textes qui l’intéressent, bref, à constituer lui-même son archive et sa bibliographie, qu’il devra ensuite mettre continuellement à jour. Cela aboutit à la constitution de bases de données personnelles, élaborées selon des normes différentes, et dont le partage est loin d’aller de soi. Ces bases de données ne sont pas forcément informatisées, certains utilisant toujours le “système des fiches” qui a longtemps eu cours dans les études historiques.
Mutualiser le travail
C’est donc beaucoup de temps perdu passé à refaire ce que d’autres ont déjà fait dans leur coin, mais qui n’est pas forcément réutilisable. Le temps qui passe aggrave encore ce problème puisque la masse bibliographique à embrasser devient de plus en plus importante. D’où l’intérêt de créer des répertoires bibliographiques accessibles à tous, permettant un accès immédiat aux sources et à la bibliographie, pour une période, une zone géographique ou un type de textes donnés.
Quelques projets récents
Ces dernières années, plusieurs projets de bases de données en ligne ont vu le jour. Ils se limitent pour la plupart à une période et une zone géographique données.
- Le Cuneiform Digital Library Initiative est un projet mené en commun par l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l’Institut Max Planck (Max Planck Institute for the History of Science). Il vise à mettre en ligne à terme près de 500.000 tablettes datant des origines de l’écriture (v. 3.350 avant J.-C.) jusqu’à l’ère chrétienne.
- Le projet Archibab (« Archives babyloniennes : XXe-XVIIe siècles av. J.C. »), mené depuis 2008 par Dominique Charpin de l’École Pratique des Hautes Études (Paris), concerne les archives de la période dite paléo-babylonienne (2.000 – 1.600 avant J.-C.), soit environ 30.000 textes. Le site internet donne accès à la bibliographie et aux textes, qui sont interrogeables selon de multiples critères de recherche.
- Le Neo Assyrian Text Corpus Project, mis en place par l’université d’Helsinki en 1986, concerne le corpus des textes néo-assyriens (934 – 610 avant J.-C.). Il visait, entre autres, à collecter dans une base de données tous les textes néo-assyriens. Des éditions de textes et des monographies ont également été publiés dans une série de collections. Les textes sont disponibles en ligne sur SAA online.
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